Temps de lecture : 8 minutes

🎯 Objectif : Redonner du sens au symptôme  

A lire avant (si ce n’est pas déjà fait 🤗)

Profitez de la sagesse du Yi King pour éclairer vos décisions et trouver la juste voie.

 

 

 

LE SYMPTÔME A UN SENS : LA VISION DE LA MÉDECINE CHINOISE ET DU TAO

 

📌 TABLE DES MATIERES

 

 

Introduction

Une vision taoïste du vivant : être dans l’axe

Le symptôme : un langage du vivant

Une responsabilité douce, non culpabilisante

Conclusion : De la goutte à l’océan

 

 

INTRODUCTION

 

La Médecine Traditionnelle Chinoise propose une lecture énergétique du symptôme. Il ne s’oppose pas à nous mais exprime quelque chose que notre mental n’a peut-être pas encore compris. Il montre un décalage. Il signale que le souffle ne circule plus comme il devrait.

Nous avons tous une destinée. Il ne s’agit pas d’une trajectoire imposée, mais d’une orientation intérieure, possible, à laquelle notre être aspire.

Prendre soin de son corps, c’est honorer cette orientation, mais aussi son mouvement de vie.

Et si être malade signifiait simplement que nous nous sommes éloignés de notre axe ?

Dans cette perspective, le soin ne vise pas uniquement la disparition du symptôme. Il accompagne un réajustement. Il permet à chacun de retrouver sa place entre Ciel et Terre.

C’est là que la destinée peut s’accomplir.
 

1. UNE VISION TAOÏSTE DU VIVANT: ÊTRE DANS L’AXE

Entre 1000 et 800 avant notre ère, le Yi King, aussi appelé Livre des Mutations, a posé les fondements cosmologiques de la pensée chinoise. Ce texte expose une vision du monde fondée sur les principes du yin et du yang, des cinq éléments et des hexagrammes.

À partir de cette base philosophique, se sont développés le Tao Te King, attribué à Lao Tseu, les écrits de Zhuang Tseu, puis les grands traités médicaux qui constituent les fondations de la Médecine Traditionnelle Chinoise.

Le Yi King repose sur une conception du monde très différente de celle de la pensée occidentale.

« Alors que les divers peuples du monde vivaient à l’âge de la pierre et cherchaient, (…), à se débarrasser des contraintes imposées par la nature, les ancêtres des Chinois, poursuivaient inlassablement l’union étroite avec la nature. »

C’est dans cet effort qu’est née la médecine chinoise. (Le Livre des Mutations illustré, Éd. Les Livres du Dauphin, 2006, p. 218)

Le Yi King est donc à la fois une matrice cosmologique et un outil très concret pour interroger notre positionnement intérieur. Vous pouvez lire notre article complet sur le Yi King, un outil précieux pour éclairer les grandes décisions de votre vie et mieux comprendre le sens des déséquilibres énergétiques : « Profitez de la sagesse du Yi King pour éclairer vos décisions et trouver la juste voie ».

Dans le livre des mutations, tout participe d’une même vision de l’univers : l’être humain n’est pas une hérésie de l’univers, il en fait partie.

« Le corps humain est un petit univers et l’univers est un immense corps humain. (…) Le Classique médical comprend un modèle théorique pour exprimer la conformité entre l’homme et la nature. (…) Le corps humain est uni et harmonieux à tous les niveaux et qu’il assure ainsi l’équilibre de l’organisme. S’il y a rupture de l’équilibre, l’homme tombe malade. » (op. cit., p. 220)

Selon la Tradition, il y a le monde manifesté et le monde spirituel.

L’harmonie entre ces deux dimensions permet la circulation fluide des Qi, ou Souffles, dans le corps, dont dépend directement l’équilibre énergétique de l’être humain. Lorsque cette circulation est entravée, la maladie apparaît.

Le Huangdi Neijing, ou Classique de l’Interne de l’Empereur Jaune, montre de manière détaillée comment cette philosophie s’applique à la pratique médicale, notamment à travers l’usage des points d’acupressure.

Dans ce cadre, le symptôme n’est pas une erreur ou un dérèglement isolé, mais un signe du désalignement entre l’individu et la voie naturelle du Tao. Lorsque l’être humain est justement placé entre les énergies du Ciel et de la Terre, il n’a pas besoin d’être malade.

« La vie est la circulation cyclique harmonieuse des énergies Yin et Yang dans le corps humain. Toute entrave à cette circulation entraîne la maladie. »
(Le livre des mutations illustré, op. cit., p. 219)

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2. LE SYMPTÔME : UN LANGAGE DU VIVANT

En médecine chinoise, le symptôme ne se résume pas à un signe de dysfonctionnement. Il constitue un message énergétique qui peut être lu et interprété dans le cadre d’une lecture taoïste du déséquilibre.

En médecine conventionnelle, aussi appelée médecine occidentale allopathique, un symptôme est défini comme une manifestation subjective d’un trouble ou d’une maladie, perçue par le patient. Autrement dit, il s’agit de ce que la personne ressent, comme une douleur, une fatigue, des nausées ou des vertiges, même si cela ne se voit pas ou ne peut pas être objectivé par un examen médical.

Cette définition a le mérite de reconnaître qu’un symptôme appartient d’abord au vécu de la personne.

Le processus du diagnostic médical conventionnel repose sur une corrélation entre les symptômes décrits et ce que l’on appelle des signes cliniques, c’est-à-dire des écarts mesurables entre une norme et l’état du corps, tels qu’ils apparaissent lors d’un examen médical ou biologique. Lorsqu’un tel écart est identifié, le symptôme peut être confirmé, objectivé, et conduit logiquement à un diagnostic.

La difficulté apparaît lorsque le symptôme, bien que réel pour la personne, ne trouve pas de correspondance dans les examens ou les analyses. Il n’entre alors dans aucune grille de lecture définie, et peut être écarté ou minimisé, non par négligence, mais parce qu’aucun indicateur objectif ne vient le confirmer. Dans ces cas-là, la médecine conventionnelle reste parfois démunie, parce que son modèle s’appuie sur ce qui peut être quantifié ou localisé. 

Et c’est ainsi que, faute de repère clinique, certains symptômes sont parfois interprétés comme « dans la tête ».

La maladie, quant à elle, est définie dans cette même médecine comme une altération de l’état de santé, caractérisée par un ensemble de signes et/ou de symptômes, traduisant un dysfonctionnement d’un ou plusieurs organes, systèmes ou fonctions de l’organisme. Autrement dit, la médecine conventionnelle identifie bien un déséquilibre, mais s’arrête parfois à sa manifestation.

En Médecine Traditionnelle Chinoise, qui s’inspire directement du taoïsme, le symptôme est aussi le signe d’un déséquilibre. Il n’est jamais considéré comme arbitraire. Le symptôme parle, et ce qu’il dit mérite d’être entendu. Il est là pour nous éprouver et nous orienter. La maladie, dans cette lecture taoïste, est envisagée comme un ensemble de symptômes porteurs de sens. Ils nous indiquent que nous avons quitté l’axe Ciel-Terre, cet alignement fondamental entre la nature profonde de l’être et les forces de l’univers. 

« Le corps humain est un petit univers et l’univers est un immense corps humain. (…) Le Classique médical comprend un modèle théorique pour exprimer la conformité entre l’homme et la nature. (…) Le corps humain est uni et harmonieux à tous les niveaux et il assure ainsi l’équilibre de l’organisme. S’il y a rupture de l’équilibre, l’homme tombe malade ». Le livre des mutations illustré, Ed Les Livres du Dauphin, 2006, p 220.

Comme l’exprime le Livre des Mutations illustré :
« La vie est la circulation cyclique harmonieuse des énergies Yin et Yang dans le corps humain. Toute entrave à cette circulation entraîne la maladie. » (op. cit., p. 219)

Être malade, dans cette perspective, c’est être en dehors de son chemin. Lorsqu’un individu est justement placé entre les énergies du Ciel et de la Terre, il n’a pas besoin d’être malade.

Si son chemin devient compliqué, c’est peut-être que ce n’est pas la voie juste pour lui à ce moment précis. Les rêves peuvent aussi nous aider à percevoir ces bifurcations intérieures, comme le rappelle Sylvain Inglebert : ils sont eux aussi des indicateurs de chemin.

Il y a donc, dans cette vision, une véritable bonne nouvelle : la maladie n’est ni une fatalité, ni une punition, ni un état définitif. Elle est un appel à se remettre en mouvement vers l’alignement. Elle est un rappel. Et si nous écoutons ce rappel, si nous réajustons notre direction, alors le corps pourra cesser de parler par la douleur. Il n’aura plus besoin de crier, car il sera entendu.

La médecine chinoise ne nie pas l’existence d’un dysfonctionnement. Elle cherche simplement à comprendre pourquoi il s’est produit. Elle remonte à la cause, là où la médecine conventionnelle s’arrête souvent au constat.

Dans cette lecture, le soin devient un chemin de retour vers l’axe. C’est aussi ce que propose la méthode Zhong Fu : accompagner chacun pour qu’il retrouve, à travers le travail énergétique, sa place juste entre Ciel et Terre.

 

 

3. UNE RESPONSABILITÉ CRÉATRICE, PAS CULPABILISANTE

Cette vision ne cherche pas de coupable. Elle ouvre une voie. Elle nous dit : vous n’êtes pas en faute, seulement peut-être un peu à côté de ce qui vous appelle.

Et cela peut s’ajuster. Parfois, il suffit d’écouter ce que l’on pressent comme juste pour retrouver un mouvement plus aligné.

Et là-dessus, on a une emprise. Nous avons un libre arbitre qui s’exprime dans notre manière de vivre notre vie :

« Avant sa naissance, l’homme acquiert toutes les fonctions innées, comme sa capacité physique et intellectuelle et son espérance de vie. Après sa naissance, les conditions objectives limitent leur réalisation. Par exemple, les catastrophes naturelles, la maladie, les aliments et l’état d’esprit peuvent affecter l’homme, notamment sa durée de vie » (Le livre des mutations illustré, op. cit., p. 55).

Si nous voulons l’imager, nous pourrions dire que chacun naît avec un capital santé différent, quelque part entre une 2CV et une Ferrari. Peu importe le pack de départ (version basique ou full options), c’est la conduite, le soin qu’on apporte à la mécanique, la vitesse et les routes qu’on choisit qui feront une vraie différence.

On pourra objecter l’injustice criante d’un enfant gravement malade ou d’une épreuve sans sens apparent. Ces situations méritent une attention réelle. Mais elles dépassent le cadre de cet article, qui s’adresse à celles et ceux qui peuvent, à ce moment de leur parcours, choisir de mettre de la conscience dans ce qu’ils vivent.

Prenons un exemple. Une personne en burn-out, après des années à porter trop, peut vivre son effondrement comme un échec. Pourtant, dans la lecture que propose la Médecine Traditionnelle Chinoise, cet épuisement n’est pas une fin. C’est un signal. C’est un indicateur que son souffle s’est éloigné de ce qui lui est juste. Ce n’est pas une faute mais plutôt le SOS d’un terrien en détresse : sortir de la culpabilité (et ce seul appel demande tout un article 😊 )

Le taoïsme n’impose pas de règle extérieure. Il invite à écouter ce qui est juste, au moment juste. Si sur le chemin qu’on emprunte, tout s’avère compliqué et semé d’embûches, on peut alors se demander si ce chemin est juste. Si on s’accroche vraiment à l’idée, peut-être faut-il entendre un « pas encore » et ne pas renoncer à son rêve : parfois, il a besoin d’une autre forme, d’un autre rythme. Une autre porte peut s’ouvrir.

Chaque être est appelé à une place juste, un destinée qui l’unit au vivant.

Toute la difficulté dans le cheminement initiatique d’un être humain est qu’il se met en opposition pour se construire. Son ego se forge pour nourrir sa volonté et son indépendance.

Vient un jour le moment de comprendre (dans la douleur ou pas d’ailleurs) que cet ego ne trouvera sa vraie place qu’en participant à un ordre plus vaste. Cela ne signifie pas s’effacer. Cela signifie devenir acteur dans un ensemble vivant.

CONCLUSION : DE LA GOUTTE À L’OCÉAN

Le symptôme ne vous condamne pas. Il ne vient pas vous punir (ce n’est parfois pas nécessaire, au vu de notre incroyable capacité à nous auto-flageller). Il vous montre un endroit en tension, une direction à revisiter. Il vous indique simplement où vous en êtes, sur votre voie.

Il ne s’agit pas de forcer ni de fuir. Il s’agit d’écouter autrement et de retrouver un rythme plus accordé.

Je ne comprends jamais aussi bien ce que signifie être traversé par l’univers qu’en observant les marées. Ce va-et-vient infatigable, tendu vers la lune, me rappelle que nous vivons dans un ensemble plus vaste.

Le soleil se lève chaque matin, sans relâche, et nous rappelle lui aussi que nous faisons partie d’un ordre que nous ne contrôlons pas… et que nous pouvons rejoindre.

Dans la pensée chinoise, vous n’êtes pas séparé du monde. Vous n’en êtes pas un fragment isolé. Vous êtes le reflet vivant de ses mouvements, autant que vous y contribuez.

Comme l’évoque un proverbe inspiré de Rûmî, poète mystique persan du XIIIe siècle:

Vous n’êtes pas une goutte d’eau dans l’océan. Vous êtes l’océan tout entier dans une goutte.

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