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🎯 Objectif : Retrouver la joie qui vous ressemble  

A lire avant (si ce n’est pas déjà fait 🤗) 

– Introduction à la santé mentale en MTC

– Article précédent sur la joie

 

 

SANTÉ MENTALE : CULTIVER LA JOIE, SOIGNER LE COEUR (PARTIE 2)

Partie 2 : Déjouer les confusions, cultiver une joie juste 

📌 TABLE DES MATIERES

 Les faux plaisirs : quand l’agitation masque le véritable contentement

La joie authentique : un rythme à cultiver

Joie et impermanence : accueillir le flux de la vie

 Et si on faisait une place à la joie ?

 

INTRODUCTION

Nous avons vu que la joie, loin d’être une simple montée euphorique, est une énergie vitale, une expression de l’alignement. Mais dans un quotidien saturé de sollicitations, cette joie peut se diluer, être confondue, ou même oubliée. Cette confusion entre plaisir et joie touche à la fois notre rapport aux émotions, à la santé mentale et à notre équilibre énergétique. 

Voici comment reconnaître la joie, l’approcher autrement et lui redonner une vraie place dans nos vies.  

8. LES FAUX PLAISIRS : QUAND L’AGITATION MASQUE LE VÉRITABLE CONTENTEMENT

À l’ère des notifications, des likes et des livraisons express, la confusion entre plaisir et joie n’a jamais été aussi grande. 

Notre société adore ces échappatoires. Elle célèbre l’occupation permanente, l’hyperstimulation, le multitâche. Et dans ce vacarme, on oublie ce qu’est la joie calme. Celle qui ne cherche pas de spectateurs. Celle qui ne se mesure pas en décibels ni en likes. 

Brooke Castillo, dans l’épisode 95 de The Life Coach School Podcast, parle à ce sujet de “faux plaisirs”. Ce ne sont pas de véritables sources de joie, mais des substituts rapides, qui nous laissent souvent vides après coup. 
 

Les plaisirs superficiels ne remplissent pas le cœur. C’est un peu comme la notion de calories vides : on peut avoir autant de calories dans une pâtisserie que dans une quantité d’huile d’olive vierge première pression et pourtant les bénéfices pour le corps ne seront absolument pas les mêmes. Il n’y a jamais assez de plaisirs pour compenser un manque de joie. Ce n’est pas le ballotin entier de chocolats qui va parvenir à compenser le manque d’amour de soi, de reconnaissance ou toute autre blessure. Vous ne pouvez pas en avoir assez de ce que vous ne voulez pas. 
Ce « trop de plaisir » de l’extérieur devient alors l’opposé de la joie et laisse un vide à l’intérieur. 

Et donc si quelqu’un « mange trop », la plupart des conseils vont proposer de chercher du plaisir ailleurs : une promenade, un bain, une tisane… Mais il n’y a pas besoin de plus de plaisirs, mais plutôt d’une vraie joie qui émerge de la vie intérieure. 

Quand l’effet de nouveauté n’est plus là, on abandonne, ou bien plus subtil, on passe à autre chose (autrement dit, on scrolle). 
La dopamine en excès alimente notre goût pour le sucre (avec ou sans bulles), les réels de ronflements de chiots endormis et de chatons en stage d’équilibrisme, ou la série “juste un dernier épisode. 🫨”. Elle agit en boucle : plus on en a, plus on en veut. 

La plupart des choses qui comptent vraiment, quand on veut construire une existence épanouie et accomplie, demandent de maintenir nos efforts dans la durée pour avoir le temps de mettre les choses en pratique et en recueillir les bénéfices. 

Il y a alors deux phases à l’effort : 

  • Le premier enjeu est de se mettre en action, en mouvement. La dopamine, cette molécule de la récompense rapide et immédiate, se déclenche alors quand on cherche à obtenir quelque chose qu’on n’avait pas. La dopamine est bien utile pour allumer le starter et nous aide à faire le pas vers la nouveauté. 
  • Le deuxième enjeu est de maintenir l’effort et rester en mouvement. La sérotonine, bien moins spectaculaire mais bien plus stable, nous permet alors de persévérer. Elle s’installe dans la durée, nourrit la confiance, l’apaisement, une joie discrète mais profonde. 

Ici on retrouve l’approche bien chinoise de la voie du milieu : ni trop ni trop peu. La dopamine est utile et il est évidemment important de se faire du bien et de s’accorder du plaisir et des récompenses pour se remercier d’avoir fait quelque chose. Le plaisir a toute sa place — un carré de chocolat ou un bon verre entre amis réchauffe l’âme — à condition qu’il ne serve pas à combler un vide ou à fuir l’inconfort mais qu’il accompagne un acte constructif. 

Mais attention, je ne parle pas ici de cette vieille morale de la « méritocratie » à la Comtesse de Ségur, où il fallait souffrir en silence, espérer une reconnaissance tardive et payer le prix fort pour mériter un peu d’amour ou de joie. Ce modèle a façonné des générations convaincues qu’elles devaient s’épuiser pour exister. Aujourd’hui, on a besoin d’une autre voie: celle où l’effort n’est pas lié à l’attente ou à la punition, mais nous reconnecte au vivant. 

La vraie question devient alors : est-ce que ce que je poursuis me nourrit… ou m’épuise ? 

En Médecine Chinoise, l’excès de plaisirs vide le Cœur et donc disperse le Shen, cette partie lumineuse de notre conscience logée dans le Cœur. Quand le Shen est agité, on devient instable, trop réactif, incapable de savourer. Le Feu du Cœur s’éparpille.  

On cherche toujours plus. Mais à force, avec du « plus fort », « plus souvent », « plus longtemps »… on ne goûte plus rien. 

Santé mentale et joie du quokka

Quokka cultivant la joie 🥕

9. LA JOIE AUTHENTIQUE : UN RYTHME A CULTIVER

On confond parfois la joie avec un cadeau tombé du ciel. Mais la vraie joie, celle qui apaise, qui éclaire sans éblouir, se cultive. Elle n’est ni le fruit du hasard, ni une faveur réservée aux optimistes de naissance. Elle résulte d’un ajustement, d’un choix régulier, souvent discret, mais profondément engageant. 

Ce choix commence par un recentrage : qu’est-ce qui compte vraiment pour moi ?  

La joie naît quand il y a alignement — entre nos valeurs, nos actions, notre rythme de vie. Quand l’on cesse de se trahir dans les petits gestes du quotidien. Elle n’a pas besoin de grands projets, mais d’une cohérence tranquille. 

Au moment de trier ses vêtements – ou tout autre objet – la célèbre méthode de Marie Kondo nous invite à prendre chaque pièce en main, la serrer contre son cœur et nous poser la question « Est-ce que ce T-shirt me donne de la joie ? ». Elle nous renvoie cette perception intérieure. Elle précise que pour nous éduquer on peut commencer par sa garde-robe et notamment des pièces qu’on aime sans hésitation. Ainsi, notre baromètre de joie peut ensuite s’étalonner et nous permettre d’affiner ce ressenti sur des pièces pour lesquelles la réponse à la question n’est évidente de prime abord.  

Ranger son espace de vie peut paraître anodin, mais cela reflète une démarche intérieure : celle de se délester du superflu pour revenir à l’essentiel. Clarifier l’espace, c’est aussi clarifier l’esprit, et donc offrir une place à la joie. Une joie plus fiable, moins bruyante que celle des notifications. 

Ce qui empêche souvent la joie, ce n’est pas un manque… c’est un trop. Trop de pensées, de stimulations, d’objets, de “il faut”. 

Créer de l’espace, physique et mental, permet à cette joie douce, respirante, de réapparaître. 

Ralentir, alléger, se rendre disponible. 

10. JOIE ET IMPERMANENCE : ACCUEILLIR LE FLUX DE LA VIE

On aimerait parfois que la joie s’installe comme un invité bien élevé : qu’elle entre, qu’elle s’assoie, et qu’elle ne reparte plus. Mais ce serait lui demander de trahir ce qu’elle est. La joie authentique n’est ni constante, ni prévisible. Elle suit les marées de la vie, les inflexions du corps, les saisons de l’âme. 

Dans la pensée chinoise, tout est mouvement. Rien n’est figé — ni la peine, ni l’enthousiasme. 

Refuser cette impermanence, c’est vouloir capturer la joie comme on enferme un papillon sous verre. Elle perd alors son éclat, son souffle, sa légèreté. 

À l’inverse, l’accepter, c’est s’ouvrir à d’autres formes de joie, parfois plus discrètes, mais tout aussi nourrissantes : la lumière d’un matin calme, le soulagement d’un non-dit qui se dissout, le silence d’un moment partagé sans mot. 

11. ET SI ON FAISAIT UNE PLACE À LA JOIE ? 

Pas nécessairement besoin de stage de développement personnel au sommet d’une montagne pour retrouver la joie. Elle est souvent bien plus proche qu’on ne l’imagine, nichée dans des gestes simples, à portée du quotidien. 

 

Créer les conditions 

On ne sait jamais à quoi elle ressemblera, ni quand elle surgira, mais une chose est certaine : elle finit toujours par arriver quand on lui fait de la place. C’est peut-être là le secret le plus doux et le plus exigeant : laisser un peu de vide, de silence, d’espace, pour qu’elle puisse s’y glisser. 

Faire de la place, ce n’est pas forcément tout changer. C’est parfois éteindre la radio et ses mauvaises nouvelles, ranger ce tiroir qu’on ouvre chaque jour en soupirant, ou simplement alléger ce qui nous encombre. C’est aussi se rendre un peu plus disponible, ralentir sans culpabilité, laisser s’installer une respiration plus tranquille. La joie ne se manifeste pas dans le vacarme ni dans la performance : elle a besoin d’un terrain calme, d’un rythme habitable. 

 

Quelques gestes concrets 

  • Se reconnecter à soi, et à l’enfant qu’on a été.
    Se tourner vers ce qui respire vrai, ce qui résonne avec nos valeurs. De là peut émerger un projet ou un geste qui résonne avec nos valeurs.

  • S’offrir un soin en énergétique chinoise.
    Une séance avec la Méthode Zhong Fu — ou toute approche qui vous soutient profondément — peut relancer l’énergie du Cœur, notamment lorsqu’elle est en vide.
     

  • Observer le biais de négativité.
    Le cerveau a la tendance innée à traquer ce qui ne va pas : un réflexe archaïque, utile pour survivre, mais épuisant quand il prend toute la place. S’exercer à percevoir ce qui fait du bien, même infime, devient alors un véritable acte de soin. Il ne s’agit pas de se mentir ni de positiver à tout prix, mais de rétablir une forme d’équilibre dans notre manière de percevoir notre environnement.

  • Créer des rituels.
    À la fin de la journée, se demander quels ont été les trois moments les plus joyeux — même minuscules. Cette question peut devenir un jeu en famille, ou un rituel personnel. En notant ce qui, dans notre quotidien, allume une étincelle de joie – ou composer une « joy list » consignée dans un joli carnet – pour créer une mémoire sensible dans laquelle puiser les jours de nébulosité variable.

  • Exprimer la gratitude.
    Non pour faire semblant que tout va bien, mais pour reconnaître ce qui compte. Dire merci, aux autres bien sûr, mais aussi à soi.

Un quokka qui s’ouvre au flux de la vie

ET APRÈS ? 

La joie naît quand nous cessons de courir après et que nous recommençons à marcher dans le bon sens. 
Celui du vivant. 
Celui de notre fonction essentielle. 

Ce n’est pas une recette. Juste des pistes, pour réapprendre à sentir. 
Et peut-être, sans s’en rendre compte, rouvrir une fenêtre. 

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